" Bellamy " 2008

Pour en finir avec Bellamy dont je vous rabâche les yeux depuis 15 jours, je vous cite la critique du Monde, dont l'auteur semble être un des seuls à avoir rendu sa lumière à ce film.

LA QUESTION DU DESTIN

En s'effeuillant progressivement, l'intrigue policière renvoie le personnage à l'histoire de la relation qu'il entretient avec son demi-frère et avec un roman familial dont la pesanteur tragique va finir par légèrement affleurer. Ce frère indésirable pourrait n'être qu'une image différente mais possible de lui-même, le tracé virtuel d'une autre biographie. Pourquoi suis-je moi et pas un autre ? est l'abyssale question qui semble être posée. Et si Bellamy prend tout à coup des allures de film-somme dans l'oeuvre de l'auteur de Que la bête meure (1969), c'est qu'il déploie frontalement la question du destin ou plus exactement d'une fatalité qui s'identifierait exclusivement avec un réel unique, insurmontable et fondamentalement idiot.

Quoique d'un réalisme presque sans relief, le film de Chabrol est envahi de rêves et de cauchemars, et le plan initial de l'homme endormi prend tout son sens. Ces rêves ou ces cauchemars sont les virtualités pures qui traversent continûment l'esprit des individus coincés par la réalité, leur aspiration à ce que leur vie soit différente de ce qu'elle est, et leur désespoir et leur vertige face à l'impossibilité d'une telle éventualité.

Film français de Claude Chabrol avec Gérard Depardieu, Clovis Cornillac, Jacques Gamblin, Marie Bunel. (1 h 50.)

Jean-François Rauger